INSOUTENABLE LOI DEWAEL
Artistes, écrivains, travailleurs culturels,scientifiques et chercheurs, mais aussi citoyens du monde, nous ne pouvons rester indifférents au combat mené depuis plus de dix mois par les sans-papiers de Belgique.
La loi que le parlement se prépare à voter sur la réforme du droit d’asile contredit le principe élémentaire inscrit dans la Déclaration
Universelle
des Droits de l’Homme que la Belgique
a signée le 10 décembre 1948 et auquel nous restons indéfectiblement attachés : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns avec les autres dans un esprit de fraternité. »
Comment peut-on en effet voter une nouvelle loi de droit d’asile et d’immigration en laissant de côté de cent à cent cinquante mille personnes qui ne demandent qu’un droit à l’existence ?
Ceux qu’on appelle les Sans-Papiers ne sont pas venus en Belgique par plaisir. Ils sont partis de leur pays pour fuir la guerre, une misère extrême ou des dictatures qui mettent leur vie en danger. Ils pensaient trouver chez nous un peu de compréhension et un minimum de moyens pour mener une vie plus digne. Plus de cent mille personnes attendent un statut, certaines d’entre elles depuis dix ans.
La loi Dewael, si elle est votée, maintiendra dans la précarité et dans une détresse sans nom ces laissés pour compte, la plupart d’entre eux livrés au travail en noir pour survivre. Beaucoup ne trouveront de havre social que dans les églises qu’ils occupent et qu’ils continueront d’occuper.
Attendre 2007 et la formation d’un nouveau gouvernement comme d’aucuns le leur demandent, c’est ouvrir une brèche dans laquelle se sont déjà engouffrés le Ministre le l’Intérieur et le bourgmestre d’Anderlecht en organisant une opération policière brutale dans l’église de cette commune.
Le risque est grand dès lors que dans l’année à venir, ne se développe plutôt une politique répressive d’enfermement voire d’expulsion massive de sans-papiers. Situation qui nous apparaît tout a fait inacceptable !
En décidant de ne rien décider en matière de régularisation, le gouvernement suspend les sans-papiers dans le vide et les maintient dans un état de fait qui les met en danger.
Nous considérons qu’il y a urgence. Urgence d’abord pour la libération immédiate des occupants de l’église d’Anderlecht incarcérés dans des centres fermés (autre ignominie belgo-belge).
Urgence ensuite, pour que la Belgique
, pays suffisamment riche pour en avoir les moyens, procède à une nouvelle régularisation immédiate et massive de tous les sans-papiers comme d’autres pays européens l’ont déjà fait.
Engagés, de par nos activités d’artistes et de créateurs, contre toutes les injustices, nous demandons à nos élus et parlementaires de réfléchir à l’acte qu’ils devront poser avant leur départ en vacances. Qu’ils ne se laissent pas séduire par de vagues promesses de régularisations. Combien seront-ils à être régularisés ? 15.000 ? 20.000 ? Sur quels critères ? Le règne de l’arbitraire, le l’injuste, du discriminant subsistera.
C’est pourquoi nous soutenons la proposition de loi émanant des sans-papiers eux-mêmes : une régularisation sur base de critères clairs et permanents garante de justice et d’égalité.
(merci patrice lambert)